La place royale tirade de philis
Dans l’obstination où je te vois réduite, J’admire ton amour, et ris de ta conduite. Fasse état qui voudra de ta fidélité, Je ne me pique point de cette vanité ; Et l’exemple d’autrui m’a trop fait reconnaître Qu’au lieu d’un serviteur c’est accepter un maître. Quand on n’en souffre qu’un, qu’on ne pense qu’à lui, Tous autres entretiens nous donnent de l’ennui, Il nous faut de tout point vivre à sa fantaisie, Souffrir de son humeur, craindre sa jalousie, Et de peur que le temps n’emporte ses ferveurs, Le combler chaque jour de nouvelles faveurs: Notre âme, s’il s’éloigne, est chagrine, abattue ; Sa mort nous désespère, et son change nous tue. Et de quelque douceur que nos feux soient suivis, On dispose de nous sans prendre notre avis ; C’est rarement qu’un père à nos goûts s’accommode ; Et lors, juge quels fruits on a de ta méthode. Pour moi, j’aime un chacun, et sans rien négliger, Le premier qui m’en conte a de quoi m’engager: Ainsi tout contribue à ma bonne fortune ; Tout le monde me plaît et rien ne m’importune. De mille que je rends l’un de l’autre jaloux, Mon cœur n’est à pas un, et se promet à tous ; Ainsi tous à l’envi s’efforcent à me plaire ; Tous vivent d’espérance, et briguent leur salaire ; L’éloignement d’aucun ne saurait m’affliger, Mille encore présents m’empêchent d’y songer. Je n’en crains point la mort, je n’en crains point le change Un monde m’en console aussitôt, ou m’en venge. Le moyen que de tant et de si différents Quelqu’un n’ait assez d’heur pour plaire à mes parents ? Et si quelque inconnu m’obtient d’eux pour maîtresse, Ne crois pas que j’en tombe en profonde tristesse ; Il aura quelques traits de tant que je chéris, Et je puis avec joie accepter tous maris.
Introduction :
La tirade de philis est divisé en deux parties.Dans la première partie c'est une critique dont