Annie Ernaux parcourt plusieurs classes sociales lors de sa vie, afin d’atteindre son rêve de devenir écrivaine et professeur. Malgré les problèmes que sa famille a vécus, elle démontre, à l’aide d’un style autobiographique, un détachement pour son lieu d’origine tout au long de son parcours, loin de celle-ci. Peut-on affirmer que l’histoire de la narratrice prend forme d’une émigration? D'une part, il est facile de remarquer un détachement au niveau social, dans lequel on remarque un changement de classe, ainsi qu’une évolution dans la société au niveau de son travail. D’autre part, une émigration culturelle est aussi constatée, tel le changement de ses gestes de vie quotidienne, ainsi qu’une séparation visible de sa culture.
De prime abord, l’émigration au niveau social est présente lors de sa vie. Annie Ernaux nous démontre que malgré leurs besoins financiers, rien ne l’empêche d’évoluer dans le statut social et d’apprécier la bourgeoisie davantage : « J’émigre doucement vers le monde petit-bourgeois […] Même les idées de mon milieu me paraissent ridicules. » (p.79) Elle affirme un détachement, ainsi qu’un éloignement de sa pensée lorsqu’elle atteint un niveau plus riche et plus spacieux. Elle constate que la vie qui l’entoure à présent semble être plus représentative de ses désirs. Par ailleurs, on constate aussi que socialement elle évolue au travers son travail. La métaphore suivante le confirme bien : « L’état m’offrait d’emblée ma place dans le monde. » (p.89) Avoir une place dans le monde signifie, s’être place et avoir une importance dans nos faits et geste. Donc, on peut constater qu’elle réussit à s’intégrer dans le monde des bourgeois. Cette étape est énorme pour une simple fille de ferme. Rare les fermiers et ouvriers se font remarque pour se faire accepter dans cette classe sociale. Malgré le niveau social de ses parents, Ernaux réussit tout de même à émigrer progressivement vers la vie bourgeoise tout en reconnaissant qu’elle aime mieux ce mode