La poésie
Sujet : La poésie passe-t-elle essentiellement par les jeux avec les mots et avec le langage ?
Le sujet invite à réfléchir sur la « fonction poétique » du langage. R. Jakobson, dans ses Essais de linguistique générale, 4e Partie, chapitre 11, « Linguistique et poétique », la définit comme celle « qui met en évidence le côté palpable des signes », et de citer le procédé poétique de la paronomase. Les textes du corpus, amorce fertile à la réflexion, permettent d’affirmer que tout un pan de la poésie moderne est faite de jeux avec le langage. Le poème de Desnos invente un « langage cuit » ; les paronomases de Max Jacob créent un univers ludique où « Avenue du Maine / Les manèges déménagent ». Les contraintes proposées par l’OULIPO et auxquelles se plie Raymond Queneau par exemple imposent d’explorer des possibilités langagières que le code ou les conventions sociales s’interdisent ou ignorent.
Le sujet impose aux élèves de réfléchir à la notion de « jeu » poétique. Jeu verbal d'une part, la poésie joue aussi avec le rythme, la disposition graphique du poème. Mais d’autre part la poésie est un acte de travail sur les mots dont les limites sont extensibles : le poète se livre-t-il à une activité ludique à l’intérieur même de conventions transgressées mais reconnaissables ou cherche-t-il à créer un nouveau langage, à réinventer le langage ? Notons que cette dernière dimension n’est pas le propre de la poésie.
Dès lors, il apparaît que tout acte d’écrivain, et a fortiori de poète, engage une réflexion sur les rapports qu’il entretient avec sa langue et avec les mots. On rappellera l’anecdote qui met en scène le peintre Degas et le poète Mallarmé, telle que la rapporte Paul Valéry in Degas danse dessin. Degas déplore : « Je ne parviens pas à écrire. Ce ne sont pourtant pas les idées qui me manquent ». Mallarmé réplique : « Mais, Degas, ce n’est pas avec des idées que l’on écrit, c’est avec des mots ». « La poésie est un langage à part, sans être pour