La poésie entre 1890 et 1920 : entre tradition et avant-gardisme.
La modernité est un changement dans la manière dont l'homme va représenter, et se représenter, le monde. Les innovations dues à l'avancée de la révolution industrielle accompagnées par l'encrage de plus en plus profonds de la République dans les mœurs françaises (malgré la défaite de 1871, de la Commune, des débuts houleux de la IIIème République) affirment un nouveau souffle à la littérature, et particulièrement à la poésie.
En effet, le décadentisme, mouvement qui s'oppose au naturalisme (mis en lumière par Émile Zola, figure phare de 1890, année du début de l'affaire Dreyfus), éveille un nouveau lyrisme. Esthétique du morbide et du maladif, utilisation de nouveaux thèmes comme l'inceste, l'exaltation d'un érotisme et passion pour la putréfaction des corps jusqu'à leur moisissure puis leur mort, le décadentisme ouvre une vision pessimiste de la vie et de la société qui entrebâille le champ pour de nouveaux horizons littéraires et poétiques. Mais ce mouvement, peu connu et surtout utilisé dans le genre romanesque, sert essentiellement de tremplin à l'utilisation de plus en plus fréquente du vers libre. Nous pouvons cependant citer des auteurs, souvent qualifiés de « poètes maudits », comme le comte de Lautréamont et son Chant de Maldoror, ou Tristan Corbière. Le vers libre, réapparu dans un contexte littéraire qui fait suite au classicisme et au Parnasse, est un vers qui n'obéit à aucune règle particulière, que ce soit en terme de mètre, de rimes, ou de strophes, en opposition avec le vers traditionnel classique qui fixe un nombre précis de syllabes par vers et de vers par strophe. Elle concrétise son entrée dans la poésie du XIXème siècle avec des poètes tels que Charles Baudelaire (1821-1867), Paul Verlaine (1844-1896) et Arthur Rimbaud (1854-1891), largement inspiré de l'Américain Walt Whitman (1819-1892), poète initiateur du « blank verse » (équivalent du vers libre, anglais). Avec