La Poèsie Lyrique
Je n’ai plus que les os
Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé
Adieu, plaisant soleil ! Mon œil est étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.
Quel ami, me voyant en ce point dépouillé,
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,
En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons ! Adieu, mes chers amis !
Je m’en vais le premier vous préparer la place.
Pierre de Ronsard, Derniers vers (posthume, 1586)
Pierre de Ronsard exprime ses sentiments de tristesse et de joie, il est à la fois triste et heureux de quitter le monde. Il est heureux et triste de garder de la place pour ses amis après leur mort. Et il utilise la 1ère personne du singulier "Sensation"
Par les soirs bleus d'été, j'irai par les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien
Par la Nature,-heureux comme avec une femme. Arthur Rimbaud, Mars 1870 Poésies (1870-187
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est