La poésie saturniens
À sa sortie de la prison de Sainte-Pélagie, Ricard ouvre un nouveau salon, politique et littéraire, dans les appartements de sa mère, où fréquentent, outre Verlaine et son ami (et futur biographe) Edmond Lepelletier, Catulle Mendès, José-Maria de Heredia, François Coppée, Villiers de l'Isle-Adam, ou encore Anatole France-Thibault2. Les frères de Goncourt donneront dans leur Journal une description peu amène de ce cénacle :
« C'est dans une maison des Batignolles, chez un M. de Ricard, que s'est abattue toute la bande de l'art, la queue de Baudelaire et de Banville, des gens troubles, mêlés de cabotinage et d'opium, presque inquiétante, d'aspect blafard3. »
Un ami de Verlaine, le violoniste et poète amateur Ernest Boutier, met en contact ce dernier avec un petit libraire spécialisé dans les ouvrages pieux, Alphonse Lemerre, qui accepte d'éditer, mais à compte d'auteur, les œuvres des jeunes poètes : cette collection consacrée à la poésie contemporaine est inaugurée par la parution en 1865 du premier recueil de Ricard, Ciel, Rue et Foyer4.
C'est dans l'entresol de la librairie de Lemerre que se réunit alors le groupe constitué autour de Ricard, qui lance la même année une éphémère5 nouvelle revue hebdomadaire, exclusivement littéraire celle-là : L'Art. On y défend des théories artistiques diamétralement opposées à celles prônées par la Revue de Progrès : le culte de la perfection