la princesse de cleves
TOME 1
La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne d’Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux ; quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eut commencé il y’avait plus de vingt ans, elle n’en était pas moins éclatantes Dans sa jeunesse, Madame de La Fayette fréquente les salons précieux de l’hôtel de Rambouillet et de Madeleine de Scudéry. La préciosité marque encore le siècle, et l’influence de l’ouvrage phare du courant, l'Astrée d’Honoré d’Urfé, se fait toujours sentir dans la littérature. Madame de la Fayette n’est donc pas exempte de préciosité, lorsqu’elle écrit la Princesse de Clèves.
La préciosité est donc extérieure à l’œuvre, puisqu’elle concerne Madame de Lafayette elle-même. En effet, étant une femme écrivain, elle s’inscrit dans la lignée de ces précieuses lettrées, symbolisées par Madeleine de Scudéry. Une œuvre issue de la fréquentation des salons précieux et écrite par une femme porte alors la marque de la préciosité.
La première et la plus évidente des marques de préciosité dans la nouvelle est l’importance accordée au thème de l’amour, et la forme que ce dernier prend. Les salons précieux, en effet, se nourrissent de discussions sur l’amour, dans le but de résoudre des cas typiques (Une femme doit-elle céder à son amant ?) L’amour est un thème central du mouvement précieux. Des problèmes de ce type se retrouvent dans l’ensemble de l’œuvre, de manière plus ou moins explicite. Par exemple, l’aveu que Madame de Clèves fait de son amour pour Monsieur de Nemours à son mari est un cas typique de question précieuse : une femme doit-elle avouer qu’elle a un amant à son mari ? De la même façon, le comportement de Madame de Tournon pose certaines questions d’amour : une femme doit-elle promettre un mariage ? Une femme doit-elle épouser l’homme qu’elle aime ? Enfin, la situation la plus explicite de conversation