La prospective des métiers
La Prospective des Métiers Septembre 2001
Luc Boyer
Responsable Atelier Prospective des Métiers Directeur Recherche Paris-Dauphine
Le devenir des métiers
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Devenir des métiers1
Luc Boyer 1. Délimitation du concept de métier Le métier est souvent considéré, particulièrement dans notre pays, comme un mot « éponge » dont les acceptions sont nombreuses. Si le concept de métier individuel que nous allons développer reste l’objet central de la recherche, il ne peut être isolé d’autres dimensions, en particulier du métier de l’entreprise et du métier sectoriel. 1.1. Le métier individuel L’ancrage historique du métier en France et, de façon plus générale, dans les pays d’influence latine (Bouayard, 2000) éclaire de façon relativement précise son origine et son évolution. Dès le IXème siècle, on voit apparaître les termes de menestier ou mestier qui expriment les notions de fonction, service…2, de ministère. Ceci s’applique naturellement au service divin ou au métier des armes puis, par extension, à ceux qui exercent une profession, un art ; ce qui suppose des connaissances, un savoir-faire, comme c’est le cas pour un artisan ou un ouvrier. Mais rapidement, la machine, les outils qui servent à une occupation récupèrent, en quelque sorte le mot : on parlera, par exemple, de métiers à tisser. Les gens de métier s’organisent : le compagnonnage, la corporation apparaissent qui renforcent l’idée de professionnalisation, de compétences individuelles. L’idée d’entreprendre prolonge, peu à peu, la mise en œuvre du savoir-faire individuel, donnant ainsi naissance à la néo-entreprise ou plus exactement à des ensembles de compétences voisines, plus collectives, amorce du métier d’entreprise. Cette vision originelle d’un métier individuel, essentiellement technique, est moins présente dans les approches anglo-saxonnes. De façon caricaturale, on dira que les anglais ont, au départ, pensé le métier individuel comme un