Qu'est-ce que l'art ? Il est délicat de tenter de répondre à cette question, bien des mémoires, thèses et essais ont été consacrés à cette problématique. Sans entrer dans des polémiques dont on se passera bien ici, je dirai ,en m'appuyant sur R. Debray, que l'art est un regard esthétique, il est un produit de la liberté humaine, le "critère est l'individualité assumée, agissante et parlante"... c'est le créateur qui dit "moi-je"..."voici comment je vois le monde".

L'art est indépendance et subjectivité, comme fin en soi, elles sont élevées, mises en valeur à un point tel que l' Artiste, en tant que notion, et surtout son œuvre en viennent à être élevés au rang d'instances sacrées. Ainsi, l'œuvre, avec l'art, devient une fin en soi, elle n'est là que pour elle-même. La représentation prend l'ascendant sur l'objet (ou la personne) servant de modèle... L'œuvre d'art se réfère moins a une réalité du monde qu'à elle-même, cela a pu se radicaliser à un point tel que l'artiste n'a même plus eu besoin d'un sujet provenant du réel (ou du concret) duquel s'inspirer.

Alors que la publicité n'est pas là pour elle-même, elle est communication qui à pour fonction d'inciter à acheter un produit, un truc à consommer. Du point de vue des publicitaires et de leurs fantasmes, ce qu'on souhaite sacraliser, ce n'est certainement pas le message et ce n'est pas tant le bien de consommation lui-même que la Marque à laquelle toutes les subjectivités doivent adhérer, et même mieux : s'identifier (au point de homogénéiser?). Voilà la fonction ultime du message : élever la marque au rang d'idole, tel le "veau d'or", c'est-à-dire une instance sacrée qu'il faut adorer, avec laquelle il faut communier et avec laquelle aucune marque adverse ne doit pouvoir rivaliser ; car dans la réalité la concurrence fait partie intégrante de la dure loi du marché.

Ainsi, art et publicité ne relèvent certainement pas du même ordre, ils font parties de registres à fonctions clairement distinctes. Et