La querelle critique des années 50 abstraction lyrique contre abstraction géométrique
Abstraction géométrique contre abstraction lyrique.
La querelle critique dont nous allons débattre a lieu après la Seconde Guerre mondiale, en France et plus particulièrement à Paris, dans le monde de l'art abstrait. Je voudrais en premier lieu tenter de définir rapidement ce qu'est que l'abstraction. On considère habituellement l'aquarelle « sans titre » peinte par Kandinsky en 1910, comme la première oeuvre abstraite. L'apparition de l'art contemporain peut s'expliquer par une redéfinition du statut de l'artiste qui se déroule au milieu du XIXeme siècle avec l'invention et l'essor de la photographie : le peintre n'a plus à essayer de restituer la nature sur une toile avec objectivité, cela est même vain. Il n'a plus de réelle fonction définie et se penche alors plus profondément sur son intériorité. L'art abstrait va jusqu'à se passer de réalité visuelle. Le langage formel qu'il utilise permet de résumer et de supplanter le propos de cette réalité visuelle. Les deux autres pères de l'art abstrait sont, selon Jean-Louis Ferrier[1], Piet Mondrian qui s'intéressa beaucoup aux structures géométriques et Kasimir Malevitch, qui rechercha la simplification extrême. Le mouvement de l'art abstrait se développe durant toute l'entre-deux guerres, mais la domination allemande de l'Europe en interrompt le processus, car le régime nazi considérait l'abstraction comme un art dégénéré. Bien que les galeries parisiennes continuent d'exposer, elles sont censurées et bon nombre d'artistes émigrent aux États-Unis. Ce n'est qu'à la Libération que l'abstraction et l'art parisien en général se remettent à produire de nombreux courants, générant alors des conflits théoriques, dont le plus fameux est celui qui eut lieu au sortir de la guerre entre le mouvement de l'abstraction géométrique et le mouvement de l'abstraction lyrique.
Quels sont les fondements de la querelle et les lieux où elle s'exprime?
Nous étudierons tout d'abord le contexte