La question ethnique
« Monsieur le Directeur, vous avez fait entrer les Arabes à Sciences Po. »
« Les boat people de Sciences Po... » « Vous transformez Sciences Po en fac de Nanterre, avec les Arabes, la drogue, les viols !»
« Vous allez ruiner la valeur du diplôme ! » « Vous faites le lit du communautarisme ! »
« C’est une remise en cause des principes même de la méritocratie à la française ! »
Descoings, R. (2007), Sciences Po. De la Courneuve à Shanghai, p351, Paris :
Sciences Po Les Presses 2007.
Introduction
Ces vives réactions que présente le directeur de Sciences Po Paris ont constitué le point de départ de notre réflexion de par leur xénophobie pleinement assumée et par la même, de par la vive émotion que nous avons ressentie. Chacun de ces huit témoignages étant porteur d'un sens bien particulier, il nous a semblé important de les réunir. La décision d’accueillir 30% de boursiers au sein de cette école prestigieuse n’a pas fait la joie de tout le monde. Ce dispositif mis en place, prône vraisemblablement, l’égalité des chances en favorisant l’entrée aux étudiants provenant des milieux défavorisés. En effet, il existe et ceci depuis quelques années, des fissures dans le fonctionnement éducatif français. La dureté des ces paroles laisse entrevoir un sentiment négatif et latent envers les personnes d’origine maghrébine. Relèvent-ils de sentiments isolés ? D’une gêne plus plus ancrée ? Ou alors sont-ils représentatifs d'un cloisonnement hermétique entre deux univers bien distincts? D’une manière sous-jacente, ils tendent à conduire vers un sujet qui n'est pas exempt de polémiques : la gestion des différences culturelles, qui est inscrite au cœur de l’héritage historique de la France, « nation coloniale jusqu’aux années soixante et terre d’immigration» (Felouzis, 2003). En conséquence, notre réflexion s'orientera