La question humaine de françois emmanuel
Le libéralisme et le nazisme
Avant-propos
La question humaine[1] de F. Emmanuel, un titre qui interpelle. Ce livre se présente comme un témoignage : celui du psychologue d’une entreprise, la SC Farb, chargé d’enquêter sur l’état de santé mentale d’un de ses collaborateurs, Mathias Jüst. Il découvre que la société qui l’emploie est aux mains de dirigeants qui manipulent les traités de psychologie du travail pour en faire émerger des concepts nazis. Le langage de l’entreprise est remis en cause : des mots usuels, comme chez les SS, recouvrent une nouvelle signification. Mais ce qui est beaucoup plus inquiétant, ce n’est pas ce langage, c’est plutôt ce qu’il suggère des nouvelles méthodes de gestion du personnel : il faut produire plus et mieux sous couvert de bienveillance, conduire le personnel à se dépasser en organisant des activités quelque peu douteuses. Dans un premier temps, nous verrons comment ce texte a été reçu par la critique. Ensuite, nous rapprocherons le système de l’entreprise au phénomène des Lebensborn, des centres de germanisation créés pendant la guerre 40-45. Pour terminer, nous analyserons en quoi la guerre 40-45 est perçue comme appartenant à l’ordre de l’indicible dans ce récit et nous verrons également que F. Emmanuel n’a pas placé de références historiques claires dans son récit.
Réception
La question humaine est un livre qui a fait du bruit et les avis sur son succès sont variés. Ainsi, J.R. Barland, journaliste critique, nous dit qu’il s’agit « d’un texte qui bouleverse tant par son contenu dramatique que par une écriture nette, précise […] et dont chaque portrait psychologique renforce la douleur du propos. Peu d’œuvres littéraires sont aptes comme celle-ci à saisir toute la complexité personnelle ou collective des individus […] [2] ». Le journal Libération lui dit que ce texte « se suffit à lui-même et tient sa force de sa construction et de son écriture même, sobre,