La question indienne côté espagnol
"Non seulement il est juste, mais il est aussi utile qu'ils (les Indiens) servent ceux que la nature fit seigneurs. Nous voyons que cela est sanctionné par la Loi divine ». Cette citation pourrait illustrer l'une des deux tendances présidant à la légitimation ou non de la conquête mais surtout de la réduction en esclavage des populations natives - de ce que les Européens croyaient encore être - des Indes. Alors que s'insurge la deuxième : «Que Votre Majesté comprenne qu'il ne suffirait pas d'un Vice-Roi pour chaque colon, pour l'empêcher qu'il vole, maltraite et tourmente les Indiens. Et si cela continue, il se passera la même chose que sur l'Ile de Santo Domingo ». En effet, il faut se garder de considérer ce processus comme un mouvement uniforme menant irrémédiablement aux tragédies que l'on connaît. Pour autant, on peut assez tranquillement affirmer que les représentants de l'autorité chrétienne y ont un rôle central. Quel est-il exactement ? À la sortie de ce qui est - arbitrairement - considéré comme « le Moyen Âge », les événements, en Europe, semblent s'accélérer : Des avancées déterminantes dans des domaines aussi divers que les arts, la technique, la science, la pensée ou le commerce ont poussé celle-ci vers des contrées lointaines ; Patrick Boucheron dans l'Histoire du monde au XVe siècle parle de « décloisonnement ». Les Portugais (dignes héritiers d'Henri le navigateur) ont ouvert des routes maritimes visant à développer le commerce florissant avec les Indes. L'Espagne, par le truchement de Christophe Colomb, y parvient (ce qui est évidemment faux) en mettant cap au ponant en 1492. Pendant deux ans les Espagnols et les Portugais vont se disputer ces nouvelles terres, qui n'ont bien sûr, rien de nouvelles, d'où le problème de légitimité... Pour autant, le Pape Alexandre VI Borgia tranche la question en divisant le monde en deux avec le traité de Tordesillas en 1494. C'est dans le prolongement de la