La question prioritaire de constitutionnalité : un rythme de croisière
Plan :
1. Introduction
2. Une procédure affinée
3. Le droit pénal et la procédure pénale sous les fourches caudines de la QPC
4. Conclusion
5. Notes et références associées
Introduction
Depuis la première application de l'inédite procédure de contrôle de constitutionnalité à la française au printemps 2010, le Conseil Constitutionnel et les deux juridictions suprêmes, que sont le Conseil d'État et la Cour de Cassation, doivent de manière régulière, quasiment de concert, en affiner la procédure et apporter de nettes inclinaisons à certaines pratiques judiciaires, voire en rappeler les principes conducteurs. Une dominante néanmoins attendue : la question prioritaire concerne dans la réalité les procédures les plus variées.
Si nous avions déjà pu considérer dans notre article d'août 2010 [1] que le "pénal" s'inscrit en tête de chapitre de la nouvelle jurisprudence, un véritable inventaire à la Prévert pourrait être assuré tant le nombre de saisines tirées de l'usage de nos codes croît depuis trois à quatre mois. "Légifrance" répertorie en effet 72 codes qui visent autant d'activités humaines potentiellement contrôlées et contrôlables. Dès lors si la question prioritaire de constitutionnalité ou QPC fait les beaux jours de quelques cabinets d'avocats s'agissant de provoquer un mouvement brownien dès que les mots "garde à vue" apparaissent, cette véritable délectation à tenter une saisine du Conseil Constitutionnel reste largement ouverte au vu des dispositions légales susceptibles de donner lieu à contestation de constitutionnalité. De plus en plus de branches du Droit sont concernées, des cotisations sociales des sociétés d'exercice libéral (qui renvoie au code de la sécurité sociale) aux cessions gratuites de terrains (le code de l'urbanisme est visé) jusqu'à la titularisation de maîtres de conférence (voilà un article d'une loi de finances 2010 mis à mal), l'attribution de la