La raison
1) La raison ontologique
En grec ancien, la raison se dit logos, d’un terme qui signifie d’abord la parole ou le langage, et par extension le discours visant la vérité (par opposition à muthos, mythe). Mais chez les plus anciens des philosophes grecs, comme Héraclite, le Logos a également un sens ontologique, c’est-à-dire qu’il désigne un mode d’Etre : c’est l’âme du Monde, ou plus simplement la Nature en tant qu’organiquement constituée, ordonnée, la Raison universelle. Voici pourquoi la problématique (l’opposition/relation) de la Raison et du Réel est constitutive de la Raison et de toute réflexion philosophique portant sur la connaissance des choses.
Il faut attendre Socrate pour que le discours rationnel se désintéresse de la nature pour se concentrer sur l’humain : le problème de Socrate n’est plus de savoir si la nature est rationnelle mais si ce que disent les humains est rationnel ; ce n’est plus « qu’est-ce que la raison ? mais « qu’est-ce que avoir raison » ?
2) La raison dogmatique
L’expression désigne le « rationalisme » des philosophes du 17è siècles, comme Descartes, Spinoza ou Leibniz. Pour ces philosophes déjà « modernes », la raison n’est certes plus la « réalité » ou la « nature », mais bien d’abord la faculté humaine de connaître la réalité.
Descartes affirme au tout début du Discours de la Méthode : « Le bon sens est la chose au monde la mieux partagée » (le bon sens n’est pas autre chose que la raison). Et il lui attribue deux caractéristiques principales : l’Universalité et l’Unité. La raison est universelle en ce sens que tous les hommes la possèdent, c’est la marque même de l’humain. D’autre part la raison est une : en effet tous les hommes la possèdent et ils la possèdent toute, en entier. Il n’y a pas de demi-raison. Cette unité essentielle de la raison se justifie par l’indivisibilité des actes mêmes de la raison, à savoir les jugements. En effet un jugement est un