La religion philo
La notion de religion figure au programme de philosophie. Cela signifie d’une part que le terme religion sans doute désigne une certaine réalité culturelle qu’on pourrait décrire en elle-même – par exemple dans une perspective sociologique – en dégageant les éventuels caractères communs qu’elle présente d’une culture à l’autre. Mais d’autre part qu’elle peut faire l’objet d’une réflexion philosophique : par exemple pour dégager sa valeur de vérité, ou sa signification en la confrontant au questionnement philosophique concernant la connaissance, l’éthique ou la métaphysique.
Or contrairement à la plupart des domaines que la philosophie peut étudier, la religion apparaît non pas comme une réalité neutre qui s’offrirait simplement à ma réflexion, mais comme un discours rival du discours philosophique, qui prétend parler d’un lieu distinct voire supérieur – « la révélation » - à celui de la raison que la philosophie met en œuvre. L’homme religieux reproche au philosophe qui se situe au-dehors de la révélation et de la foi de ne pas entendre la parole du vrai Dieu, et donc d’être incapable d’atteindre la forme supérieure de la connaissance et de la vérité. Le philosophe ne refuse pas forcément la révélation religieuse, mais il revendique en tant que philosophe le droit de développer son questionnement sur la vérité ou le bien à partir de la seule raison – sans tenir compte d’une quelconque autorité du discours religieux – voire de juger la valeur de celui-ci et éventuellement d’en dénoncer le caractère illusoire, aliénant, ou pis, moteur de fanatisme. En somme on a affaire à deux « logiques », deux systèmes de référence qui peuvent être incompatibles. Dans ce cas peut-être vaut-il mieux dans une premier temps considérer la réflexion comme fait culturel dont on peut saisir extérieurement les caractères généraux et communs. Et dans un second temps développer les deux logiques concurrentes, voire adverses, celle de la religion telle qu’elle se donne à ses