INTRODUCTION Comme l’art, la religion est une manifestation de la fonction symbolique que les hommes voient dans leur relation au monde, une façon de donner du sens à l’univers dans lequel ils sont pris. On pourrait penser qu’en tant que telle, la religion est simplement un ensemble de représentations symboliques distinct de la philosophie, et qu’il faudrait séparer strictement ces deux domaines. Pourtant, la question de la religion se pose en philosophie sur plusieurs plans. Le premier plan est celui de la conceptualisation. Dès qu’on aborde la sphère religieuse, la diversité des religions se fait sentir, sur le contenu comme sur la forme. Il nous faut donc construire un concept de la religion, pour des raisons tant théoriques que pratiques. Théoriques, car il nous faut pouvoir reconnaître les autres religions comme religions au même titre que la nôtre (ou celle(s) que nous connaissons le mieux), afin d’éviter dogmatisme, fanatisme et intolérance. Par ailleurs, le concept de religion doit aussi servir à cerner les limites du champ religieux, afin de ne pas associer au religieux des phénomènes annexes (le culte des ancêtres, la superstition, et même l’existence d’un Dieu...) qui peuvent éventuellement accompagner la religion mais pas de façon essentielle (donc qui l’accompagnent de façon contingente). Au plan pratique, il s’agit de ne pas englober dans le religieux des simples idéologies collectives voire des phénomènes de sectes, pour lesquels le principe de tolérance à appliquer à leur égard n’est pas le même. Le deuxième point où religion et philosophie se rencontrent est sur la question des relations entre foi et raison. La philosophie peut sembler se fonder sur l’opposition à la religion (Socrate fut accusé de ne pas reconnaître les dieux de la cité, Spinoza fut excommunié pour ses écrits...), pourtant, les philosophes sont aussi nombreux à avoir tenté de fonder rationnellement les principes de leur religion, notamment l’existence de Dieu. Ainsi, en quel sens