La rose dans le bus jaune
le Camerounais Eugène Ebodé, 51 ans, revient sur le parcours de Rosa Parks, à l’occasion du centenaire de cette figure iconique du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Comme l’explique l’auteur dans l’interview qui suit, La Rose dans le bus jaune n’est pas une biographie documentaire, mais une « biographie-fiction » un genre qui mélange à la fois le réel et l'imaginaire. Eugène Ebodé a revisité la vie de son héroïne en la ponctuant d’épisodes imaginés mettant en perspective le geste de défiance qui a fait de Rosa Parks le personnage central du récit de la marche des Afro-Américains vers la liberté et la dignité. Le romancier revient sur les jours fatidiques de l’année 1955 lorsqu’à l’appel d’une jeune femme menue, tout un peuple a rejoint son « odyssée de l’égalité », bravant férocité, intimidations, crachats et intempéries.
Comment est né votre intérêt pour Rosa Parks ?
Eugène Ebodé : J'ai d'abord été impressionné par le célèbre discours de Martin Luther « I have a dream », avant de m’intéresser à l'événement fondateur que fut le boycott des bus ségrégués à Montgomery en 1955. En remontant le cours de l'histoire et en m'arrêtant au point de bascule que constitue le geste de rébellion de Rosa Parks, cette citoyenne ordinaire m'est apparue comme une figure capitale d'un long combat social qui aurait encore pu durer plusieurs siècles. Néanmoins, en lisant la documentation et la littérature sur le sujet et l'extraordinaire mobilisation trans-raciale qui permit de vaincre « Jim Crow », je me suis demandé qui pouvait bien être le Blanc qui voulait prendre la place de Rosa Parks dans le bus jaune. Lui donner une identité autre que le fait d'être un Blanc a accru ma motivation à écrire ce livre. Et puis, Rosa prétendait dans une interview parue après la sortie de son autobiographie,My story, qu'elle n'avait pas tout dit, ce propos a retenu mon attention.