La rue de prague
On voit dans le tableau des hommes diminués, porteurs de prothèses mécaniques, des cicatrices, des greffes, d'anciens combattants réduits à mendier, les autres exhibant leurs blessures comme autant de preuves de leur bravoure guerrière. Les invalides sont amoindris mis au même niveau que le chien, plus bas que la dame en robe rose moulante (une prostituée). Une petite fille pauvre dessine à la craie sur un mur. La vitrine contient des perruques, des corsets et des prothèses. Une main de bois tient une canne. La scène que dépeint Otto Dix est cadrée serrée, oblique, ce qui crée une impression de confusion et de déséquilibre. Les éléments nombreux font du tableau une sorte de chaos dont l’enchevêtrement est à l’image de la folie du monde. Une construction du tableau particulière qui fait apparaître une humanité disloquée.
1) La Pragerstrasse (rue de Prague) est la grande rue commerçante de
Dresde, ville où vécut longtemps Otto Dix. L’expérience de la guerre a bouleversé l’artiste. En peignant cette toile, Dix démontre les conséquences de la guerre mais aussi le climat politique et social de l’année 1920 en Allemagne : indifférence à la souffrance et absence de solidarité, montée du nationalisme des anciens combattants allemands
(croix sur le veston) et développement de mouvements d’extrême-droite antisémites
(haineux envers les juifs) (extrait de journal). Les ligues d'anciens combattants étaient en effet très sensibles à la propagande ultra-nationaliste, dont l'antisémitisme fut une des composantes très tôt, avant que le nazisme n'en fasse l'un de ses dogmes. Aussi peut-on voir dans l'œuvre, tout