La réforme de l’université marocaine entre idéal organisationnel et réalité pratique
Colloque international organisé par l’université Paris VIII à l’occasion de son quarantième anniversaire (11-14 mai 2009)
La réforme de l’Université marocaine entre idéal organisationnel et réalité pratique
Lahlou Loubna Enseignant-chercheur à l’Université Moulay Ismail École Supérieure de Technologie de Meknès
Résumé
L
e dispositif universitaire marocain de précurseur et d'avant-gardiste au Moyen-âge (enrichissement de l’héritage culturel arabo-islamique et préservation de son identité), est vite tombé en désuétude, pour devenir de plus en plus anachronique à l'abord du XXe siècle. Ce n'est qu'à la deuxième moitié du XXe siècle et à la fin du protectorat français, qu'une première greffe de modernité fut apportée à l’université marocaine, par le biais de la création de l’université Mohamed V à Rabat. Ce dispositif universitaire hybride persistant jusqu’au milieu des années 80, était tiraillé entre un traditionalisme multiséculaire sublimé, à cause de l’épisode coloniale, en tant que gardien de l’entité marocaine et surtout musulmane ; et un enseignement plus contemporain, considéré comme arriviste et aliénant, et ce malgré son caractère indispensable et incontournable pour le développement du pays. Le chômage des diplômés universitaires et l'évolution quantitative et qualitative des milieux estudiantins, aggravés par le classicisme et l'excès d'académisme des universités marocaines, posèrent, avec recrudescence, le problème de professionnalisation de ces dernières. Ce n’est qu’à l’aube du XXIe siècle que la question de professionnalisation s’imposa comme une nécessité nationale et internationale, au niveau de l’enseignement universitaire de masse principalement, et ce à travers la dernière réforme de l’enseignement supérieur (système LMD). Cette réforme qui fait partie de la charte nationale d’éducation et de formation, si novatrice soit-elle,