La régence (1715 - 1723)
« Que la fête commence ». Ce film sorti en 1975 et réalisé par Bertrand Tavernier porte un regard très critique sur la régence de Philippe d'Orléans. Ce point de vue sans concession est critiquable - et par ailleurs critiqué - mais il n'en demeure pas moins qu'il met en évidence une facette prégnante de cette période : le libertinage et la libération des moeurs. Loin de se limiter à cet aspect, la régence, qui porte au pouvoir le dit « régent » pour assurer la vacance de ce pouvoir durant la minorité du légitime successeur du feu roi, a été riche en rebondissements et diverse dans ses apports à la monarchie. Louis XIV étant mort le 1er septembre 1715, le duc d'Anjou, le futur Louis XV (arrière-petit-fils de ce dernier) âgé de cinq ans proclame la régence de Philippe d'Orléans le 12 septembre de la même année. Ainsi débute cette période qui verra sa fin le 16 février 1723, le jour de la majorité de Louis XV. Les périodes de régence ont pour habitude d'être le théâtre d'affrontements entre divers aspirants aux places de premier rang ; celle-ci ne dérogera pas à la règle. En effet, la noblesse d'épée, frustrée d'avoir été écartée du pouvoir, depuis trop longtemps, profita de ce temps de latence pour essayer de mettre en avant des intérêts remontants « aux temps de nos rois Germains » invoquant d'improbables écrits « prouvant » leur légitimité ancestrale. Notons ici que le Parlement a manié sensiblement les mêmes arguments dans à peu près les mêmes buts. À la suite d'un règne qui se voulait l'aboutissement de l'État absolu, il est clair que la régence a cédé du terrain devant les velléités d'influence sur le pouvoir monarchique. Cependant, il est incontestable que la régence de Philippe d'Orléans (neveu de Louis XIV) ne peut pas se considérer qu'à l'aune d'un recul du Pouvoir. Quels sont les arguments qui nous permettraient de diviser cette période en deux temps ? Le temps d'une relative passivité (1715 - 1718) et le temps d'un