La répartition des pouvoirs entre le président de la république et le premier ministre sous la constitution de la ve république
Par réaction aux maux ayant marqué les IIIe et IVe Républiques (instabilité gouvernementale avec respectivement cent sept et vingt quatre Gouvernements successifs, hégémonie parlementaire inhibitrice de l’action gouvernementale, pouvoirs honorifiques octroyés au Président de la République cantonné dans une simple fonction protocolaire consistant à «inaugurer les chrysanthèmes» et ne disposant d’aucun pouvoir affranchi de contreseing), les Constituants de 1958 décidèrent d’instaurer un exécutif bicéphale fort, composé d’un Président de la République «clé de voûte des institutions» (discours de Michel Debré devant le Conseil d’Etat le 27 août 1958) et d’un Gouvernement comportant à sa tête un Premier ministre Primus inter pares, chargé de la conduite et de la mise en œuvre de la politique nationale. Cette consécration constitutionnelle d’un exécutif dualiste puissant constitue une nouveauté de la Constitution du 4 octobre 1958 caractérisée par une répartition savante (parfois incertaine et ambiguë, donc sujette à interrogation et extrapolation) des pouvoirs entre les deux composantes de l’exécutif. Le souci de rupture avec les régimes passés marque ainsi de son empreinte profonde le texte suprême. Cette tendance affichée au renforcement de l’exécutif a été exacerbée par la pratique politique confortée par la réforme constitutionnelle du 6 novembre 1962 entraînant un phénomène de «présidentialisation» et de «majoritarisation» (induisant un phénomène de «présidentialisme majoritaire»), pour dégager un schéma de prédominance présidentielle reléguant de la sorte le Gouvernement et le Premier ministre au rang de simples comparses réduits à exécuter docilement les «ukases élyséens». À ce titre, des dispositions aussi essentielles que l’article 20 alinéa 1er de la Constitution de 1958 («Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la