La république gaullienne
Ovide , l’Art d’aimer, l’Age d’Or des poètes. (II, v.273 sqq)
Problématique : une digression satirique comme il en existe quelques-unes dans l’Art d’aimer et qui ont sans doute à la fois expliqué le succès de l’œuvre mais aussi sa dangerosité. Comme d’habitude, Ovide glisse d’un sujet à l’autre mais s’attarde particulièrement sur le statut de poète à son époque.
I. Une lamentation moraliste
Comme d’habitude, Ovide se pare d’un ton inhabituel pour lui et un peu surprenant pour le lecteur ; ici c’est la déploration classique des horreurs du temps ; on s’attend d’ailleurs à un éloge non moins classique du mos majorum… qui ne vient pas. Et c’est sans doute un indice montrant que, comme d’habitude, Ovide ne fait que jouer avec des clichés.
1. “O tempora, o mores !” (Cicéron, 1ere Catilinaire)
- la critique des temps actuels se fonde sur la polysémie de l’or, positive quand il s’agit de symbole de perfection (aurea saecula l’Age d’or), négative quand il s’agit de corruption. (auro conciliatur amor évoque sans ambiguïté la prostitution.). Auro est répété trois fois en deux vers, aux places stratégiques de début, de milieu et de fin (v.277-278). L’effet de chiasme donne l’impression d’inéluctabilité : nous sommes enfermés dans un système entièrement cupide. Les asyndètes ajoutent à la violence du ton. - le ton est celui de la déploration, avec l’interjection tragique Ei mihi (malheur à moi), et l’amère question rhétorique au subjonctif quid praecipiam. Nous sommes manifestement dans une parodie . Quels sont les modèles visés ?
2. une réponse à Virgile, Horace… et tous les autres
- comme dans les extraits précédents, Ovide truffe son petit texte de références aux grands maîtres de la poésie contemporaine comme Horace, Art poétique, Epitre aux Pisons, v. 246 : teneris juvenentur versibus unquam (=teneros mittere versos) ; Lucrèce De rerum natura, I, 142) inducit noctes vigilare serenas (= carmen