La révolution
Neuf mois plus tôt, Louis XVI, accablé par la détresse du Trésor, a décidé de convoquer les états généraux pour chercher en commun une solution aux problèmes financiers. En réponse au vœu du pays, il a octroyé au tiers une représentation double de celle de chacun des autres ordres, mais deux importantes questions ont été posées: les trois ordres délibéreront-ils en commun ? votera-t-on par ordre ou par tête ? Le roi a négligé de prendre une décision. Les élections ont eu lieu à la fin de l'hiver.
Parmi les députés qui prendront le plus d'influence, on compte, pour le clergé, Grégoire Chapion de Cicé, Maury, Talleyrand; pour la noblesse, La Fayette, le duc d'Aiguillon, Clermont-Tonnerre, La Rochefoucauld-Liancourt; pour le tiers, Bailly, Barnave, Mounier, et surtout, un aristocrate déchu: le comte de Mirabeau.
Arrivés à Versailles, les députés ont été reçus le 2 mai par le roi. Deux jours plus tard, ils ont participé à une procession solennelle, mais le tiers s'est déjà senti mal à l'aise à côté des privilégiés sous l'uniforme sombre qui lui était imposé.
Enfin, la première séance est ouverte. Le roi prononce une courte harangue, puis Necker, le ministre des Finances, expose trois heures durant les difficultés financières, accumulant les chiffres et les statistiques. L'assistance est déçue: les vrais problèmes n'ont pas été abordés.
La journée terminée, la vérification des pouvoirs commence. Le tiers demande en vain que ce travail se fasse en commun. Pendant plus d'un mois, la situation stagne. Enfin, le 10 juin, les membres du tiers, impatientés, décident de procéder seuls aux vérifications. Quelques