La satire sociale de la bruyère
Le but de la satire, pour La Bruyère, consiste à découvrir le faux et le ridicule dans les objets des passions humaines, à dénoncer et critiquer ce à quoi les humains sont attachés.
On démêle les vices et le ridicule de nos congénères, on étudie l'homme dans la société de ses semblables
A. La satire prend l'allure ici d'une conversation primesautière qui tourne en dérision les habitudes du monde. Le moraliste exhibe dans ce fragment son goût de l'exagération bouffonne, des facéties burlesques (le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe; s'il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la nappe; on le suit à la trace), du travestissement (usage discret et médisant des noms antiques) Gnathon, selon certains chercheurs, correspondrait au personnage de l'abbé Louis-Roger Danse, chanoine de la Sainte Chapelle (mort en 1696).
Le but de La Bruyère est aussi de rabaisser les grands, de dénoncer les objets scandaleux : les grands si pleins de morgue qu'il peint sous des traits choquants et révoltants.
Politique : critique des anciens droits de la pairie, de l'aristocratie
(supériorité des talents sur la noblesse, revendication des droits de pensée, qui annonce déjà les idées philosophiques du XVIII° siècle)
Il montre fort peu d'indulgence pour ses modèles. Il enseigne à son lecteur à ne pas être dupe des apparences. Or, précisément, le paraître correspond à ce qui est magnifié par les codes sociaux au XVII° siècle. Là, le moraliste pointe la vanité, le calcul sordide, qui se dissimulent toujours sous les allures pompeuses. Le Grand Siècle apparaît dans cette littérature mondaine comme un théâtre qui fustige les fourbes, les Tartuffe, les Jodelets et autres Macarilles (type du valet fripon dans la comédie du XVII° siècle). L'irrespect est impitoyable, et l'auteur ne ménage pas ses couleurs ! Il faut savoir renoncer à se faire valoir (lire la remarque 11 (VII) du chapitre intitulé « Du