La seconde révolution industrtielle
Bien que l'expression «révolution industrielle» soit problématique, y compris quand elle désigne la réalité vécue par les Européens dans la première moitié du XIX e siècle, on peut être tenté de distinguer d'autres phases qui, depuis, ont profondément modifié les rythmes de la croissance et les principes de l'organisation du travail, en un mot d'autres révolutions industrielles.
Dès les années 1860-1870, l'industrialisation européenne et américaine fait apparaître des traits nouveaux qui touchent aussi bien les domaines de progrès scientifique et technique (chimie, électricité, magnétisme) que l'organisation interne des entreprises (division accrue du travail, séparation des services). Leur diffusion va bouleverser le visage de l'activité industrielle et du travail humain, au point que la période allant grosso modo de 1880 à la fin des années 1920 peut apparaître comme une «seconde révolution industrielle». De nouvelles sources énergétiques, l'électricité (comme mode de distribution de l'énergie) et le moteur à explosion (comme mode de transformation d'un combustible - le pétrole - en énergie), mobilisent autour d'elles la dynamique de l'innovation et les effets d'entraînement. Parallèlement, cette période correspond à la confirmation de la «grande usine» comme modèle d'organisation productive, à l'approfondissement de la division du travail et au tournant taylorien des sociétés occidentales aux alentours de la Première Guerre mondiale.
La sidérurgie
La dynamique de l'innovation, dans le dernier quart du XIX e siècle, touche d'abord les anciens secteurs et en premier lieu la sidérurgie, à la fin des années 1870 (convertisseur Bessemer, accélérant la décarburation de la fonte, qui remplace peu à peu le puddlage; procédé Thomas-Gilchrist de déphosphorisation du fer); le résultat le plus sensible est la diminution considérable du prix de revient des aciers (de 100 à 12 dollars la tonne chez Carnegie, de 1870 à 1900),