La société de non-communication
Gilles Drouard
Cela fait plus de dix ans (depuis le début des années 80) que l’on nous rabâche que nous vivons actuellement dans la civilisation, dans l’ère ou dans la société de la “communication”.
Mais où est-elle donc cette communication ? Comme l’Arlésienne, tout le monde en parle, mais jamais personne ne la voit ! Alors pourquoi en parle-t-on ? En fait c’est très simple, il y a deux raisons à cela : la première c’est que l’homme est malade de communication. Depuis que l’on a inventé la télévision et la radio, les gens ne communiquent plus entre eux, les enfants passent des heures, des journées vissés devant le petit écran, les personnes seules, en particulier les personnes âgées, les chômeurs et les désœuvrés restent enfermées chez eux passant et perdant tout leur temps devant la télé. C’est plus facile que d’aller vers les autres et d’essayer de communiquer.
La seconde raison, c’est qu’il y a une confusion savamment entretenue par ceux qui y trouvent leur intérêt sur le sens donné au mot “communication”.
Le sens habituel, celui qui nous vient naturellement à l’esprit, c’est l’idée d’un échange d’informations, d’idées ou de points de vues, quel que soit le moyen employé : parole, écriture, image, symbole ou toute autre espèce de signal intelligible pour un groupe d’humain.
En pratique, la communication dont on nous parle n’a plus rien à voir avec une quelconque forme d’échange. Il s’agit avant toute chose d’une transmission d’information à sens unique. Lorsque par exemple, à la radio ou à la télévision, on passe un “communiqué”, qui donc communique avec qui ? Celui qui transmet le message fait ce que bon lui semble. Quand à celui qui le reçoit, il ne peut pas faire autrement que de subir, de changer de station émettrice, où le procédé sera le même, ou encore, plus sagement, d’éteindre son poste.
L’ère de la communication, c’est finalement une manière hypocrite de parler sous cape de l’ère de