La souffrance au travail : origines et manifestations
Cette guerre, que Christophe Dejours qualifiée de "guerre saine" s’appuierait sur des lois instituées, construites par les hommes. Elle serait même souhaitée par certains dirigeants et serait le fruit d’un calcul, d’une stratégie.
Par ailleurs, ces conduites humaines, non seulement produisent cette machine de guerre, mais aussi conduisent à y consentir, voire à s’y soumettre.
Ce qui en d’autres termes signifie que chacun d’entre nous, en tant qu’élément du système, contribue à faire en sorte que celui-ci soit maintenu en place, selon le principe de l’homéostasie : maintenir l’équilibre à tout prix quitte à y perdre sa santé physique ou psychique.
I- Comment peut-on tolérer l’intolérable ?
La peur est aujourd’hui largement partagée vis-à-vis des risques d’exclusion et de désocialisation liés à la perte d’un emploi et à la difficulté d’en retrouver un.
Pour autant, cette situation d’exclusion sociale et la souffrance qui en découle n’est pas toujours perçue comme une injustice.
Ceci provient d’un clivage dangereux qui s’opère entre souffrance et injustice. Ainsi, lorsque la souffrance d’autrui n’est pas considérée comme le fait d’une injustice, la colère et l’indignation ne peuvent pas être convoquées et en lieu et place, une posture de résignation et un constat d’impuissance se font jour.
Ce clivage est subtilement induit voire entretenu par le discours économiciste selon lequel l’origine du malheur serait une question de destin en non pas le fait de la responsabilité et de l’injustice. Et l’adhésion à ce discours économiciste serait une manifestation du processus de "banalisation du mal", véritable défense contre la conscience douloureuse de sa propre complicité, de sa propre