La peine : un projet de société ?

La surveillance électronique : une solution miracle ?

Il importe tout d’abord de définir ce qu’on entend par « projet de société. » Selon Boutinet, il s’agit d’un « effort pour déterminer le type de production sociale à valoriser dans lequel la collectivité se retrouve volontiers et qu'elle va chercher à faire advenir... c'est par le fait même un effort pour prédire et écarter des productions sociales jugées indésirables. »

La criminalisation primaire, on le sait, est utilisée pour pénaliser les comportements jugés comme dommageables par la majorité composant ladite collectivité. La peine est, dans notre société, la sanction attribuée au déviant pour avoir enfreint une norme légale.

Le processus de criminalisation d’un fait et la peine qui est assortie à l’infraction d’une loi sont donc des moyens utilisés par la collectivité pour atteindre une société « meilleure » - selon les termes de la majorité - et écarter ou réformer les personnes ou groupes de personnes dont les actions ne tendent pas vers cet idéal supposément commun.

Savoir si la peine est révélatrice d’un projet de société, si elle est le moyen utilisé par la majorité pour atteindre son but ne me paraît donc pas être une question particulièrement complexe. De même, je ne prétends pas juger ici de la qualité du projet de société dans lequel s’inscrivent la sanction et son application. La question qui me semble intéressante, en revanche, est de savoir si cette peine ou ses modalités d’application sont judicieuses en fonction du projet de société défendu, si elles produisent les effets qui en étaient attendus lorsqu’elles ont été mises en place.

J’ai choisi, pour illustrer mon propos, de me pencher sur le système de la surveillance électronique.

Cette mesure, relativement récente, a été mise en place principalement pour trois raisons : elle avait pour but de lutter contre la surpopulation pénitentiaire, diminuer le