La technique est elle liberatrice ?
On peut définir une technique en général comme un ensemble des moyens au service d’une fin, et plus précisément on peut définir la technique en particulier comme l’ensemble des objets créés par l’homme en vue de la maîtrise de son environnement. On insiste ainsi sur le caractère instrumental de la technique. Instruments, outils et machines permettent soit d’améliorer les performances du corps humain, soit de déléguer à des machines des tâches nécessaires à la vie quotidienne. En déléguant des tâches aux machines, les hommes dégagent ainsi du temps et de l’énergie pour se consacrer à autre chose que ces tâches. La machine libérant l’homme du travail, elle semble associée à la possibilité du loisir ou de l’oisiveté.
Le rapprochement entre technique et liberté est donc à la fois tentant et problématique.
- d’un côté, le rapprochement est tentant, car la technique permet d’augmenter la puissance de l’homme et par là de développer son indépendance par rapport aux contraintes naturelles. Ainsi, la technique serait vectrice d’une libération progressive de l’humanité : elle permettrait d’atteindre une indépendance progressive de l’humanité, toujours plus poussée, jamais achevée. On dira en ce sens que la technique permet un progrès indéfini de l’humanité, c’est-à-dire une liberté comme processus.
- d’un autre côté, le rapprochement est problématique, car il n’est pas sûr qu’on puisse réduire la liberté à une augmentation de puissance. En effet, cette vision de la liberté assimile liberté et indépendance, c'est-à-dire un affranchissement ou une réduction des contraintes et des obstacles. Etre libre, ce serait ne rencontrer aucun obstacle, aucune limite imposée de l’extérieur. Etre libre, ce serait donc faire ce qui nous plaît, ou ce que nous désirons. Cette identification courante de la liberté est pourtant problématique : il faut distinguer indépendance (non obéissance à des règles) et autonomie (obéissance aux règles que l’on s’est prescrites