La technique
Par son travail l’homme produit des objets beaux ou utiles. On oppose souvent (depuis Aristote) la technique qui fabrique des objets utiles à l’art qui fabriquerait des objets beaux. Lors du procès Brancusi cette distinction est discutée. La première question qui sera posée sera celle de l’identification de la notion d’art. Un critère est nécessaire pour distinguer ce qui est de l’art de ce qui n’en n’est pas. La différence spécifique pourrait être esthétique ou qualitative : l’art pourrait se définir par le beau. L’art est ce qui produirait de la beauté. Cependant ce critère est-il valable universellement ? Peut-on universellement s’entendre sur ce qui est beau pour s’entendre universellement sur ce qui relève de l’art ? L’universalité du goût fait manifestement difficulté selon l’opinion commune, pour qui tous les goûts sont dans la nature. Le goût, la beauté sont-ils une affaire complètement subjective, existerait-il des normes ou des canons de la beauté qui échapperaient à l’arbitraire? De plus même à admettre que le beau soit déterminable universellement, reste à savoir si ce critère peut valablement caractériser l’art ?
(I) FAUT-IL OPPOSER L’ART ET LA TECHNIQUE ?
Faut-il opposer l’art et la technique comme on oppose la beauté et l’utilité? Pour s’en convaincre il n’est que de regarder une usine, d’ouvrir le ventre de nos machines : les techniques se sont souvent développées pour produire des objets utiles, fonctionnels, et ceci au détriment de l’art ou de la beauté. Cette opposition nous permettrait-elle de distinguer ce qui relève de l’art de ce qui lui est étranger ? Selon T Gautier, « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid car c’est l’expression de quelques besoins et ceux de l’homme sont ignoble et dégoûtant comme sa pauvre et infirme nature. L’endroit le plus utile d’une maison se sont ces latrine ».
Et pourtant il existe de objets qui sont à la fois beau