La thérapeutique philosophique- epicure- lettre à ménécée
A. La prudence (§ 132)
Or le principe de tout cela et par conséquent le plus grand des biens c’est la prudence. Il faut donc la mettre au-dessus de la philosophie même, puisqu’elle est faite pour être la source de toutes les vertus, en nous enseignant qu’il n’y a pas moyen de vivre agréablement si l’on ne vit avec prudence, honnêteté et justice, et qu’il est impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice si l’on ne vit agréablement. (l. 179)
La prudence (jronhsiV) est le principe de la philosophie. La philosophie dans son sens théorique, comme étude scientifique[2] (et non mythologique) de la nature n’est pas une fin en soi. La recherche scientifique ne doit être poursuivie et ne prend son sens que dans la mesure où elle se développe en vue de l’éthique. Si les hommes étaient heureux, ils n’auraient qu’à jouir de leur bonheur. Ils ont besoin de connaître la nature pour dissiper leurs fausses représentations et travailler ainsi à en réaliser les conditions. Epicure va même plus loin, si la débauche assurait le bonheur, alors le sage serait un débauché.
« Si les causes qui produisent les plaisirs des gens dissolus défaisaient les craintes de la pensée, celles qui ont trait aux réalités célestes, à la mort et aux douleurs, et si en outre elles enseignaient la limite des désirs, nous n’aurions rien, jamais, à leur reprocher, eux qui seraient emplis de tous par les plaisirs, et qui d’un côté ne connaîtraient ce qui est souffrant ou affligé, ce qui est précisément le mal »
Maximes Capitales, X.
La science ne se justifie que si elle permet de travailler au bonheur de l’homme[3].
« Il ne faut pas faire le philosophe, mais philosopher réellement ; car nous n’avons pas besoin d’une apparence de santé, mais de la santé véritable »
Sentences Vaticanes, 54
La prudence est la condition du plaisir qui lui-même conditionne la vertu. Mais il n’y a pas de véritable identité entre le plaisir et la