La tirade de kean contre lord mewill (alexandre dumas)
Ce texte est extrait de la pièce de théâtre « Kean, désordre ou génie » d'Alexandre Dumas. Au cours de cette magnifique tirade, le comédien Kean apostrophe haut et fort l'aristocrate Lord Mewill après que celui-ci ait refusé de se battre en duel. Par la bouche truculente du comédien, l'auteur évoque le statut de l'acteur en opposant doublement les deux personnages. Mais chez Alexandre Dumas, la critique de la société n'est jamais très loin.
Tout oppose l'acteur Kean de l' « honorable » Lord Mewill ! La tirade, d'ailleurs, commence et s’achève par le même constat : « trop de distance » sépare les deux hommes. Pourtant nous verrons que la distance qu’éprouve Mewill pour Kean est à mille lieues de celle que le comédien éprouve pour le Lord. Du point de vue de Lord Mewill (tout au long de la tirade, Kean parle à la fois au nom du Lord ou en son propre nom), celui-ci, en qualité de « pair d'Angleterre », ne va pas s'abaisser à battre le fer avec un homme né « sur le grabat du peuple ». Ne vient-il pas d'une des « premières familles d'Angleterre » ? Qu'aurait-il à gagner face à ce Kean ne « sans nom et sans fortune » ? Mais, comble de tout, l'homme qui ose le provoquer en duel n'est qu'un « bateleur », « un saltimbanque », un « histrion ». Le terme pour désigner l'acteur est à chaque fois un peu plus péjoratif. D'ailleurs, en une progression marquée, Dumas n'utilise pas ces mots une fois mais quatre fois chacun ! C'est donc entendu, Lord Mewill est issu d'une « vieille noblesse conquérante ». Mais les actes ne devraient-ils pas primer sur la naissance ? La noblesse d’âme dont fait preuve Kean (« un nom égal au plus noble nom ») n'est-elle pas plus importante que la noblesse de naissance ? En effet, tout Lord qu'il soit, « Mewill » (tout court, sans Lord devant, comme finit par l'appeler Kean ligne 12) n'est en fait qu'un « débauché », adepte de tous les vices (« les cartes », « les dés », « les