La tolerance
Le plus grand défaut de la critique et de la satire, c’est de mettre l’accent sur les abus. Elles les éclairent, les ridiculisent, les combattent, mais les consacrent bien souvent comme cibles officielles.
Si l’intolérance sanglante est flétrie au long des siècles, le danger c’est l’intolérance frustre, qui n’a même plus à être furtive si elle est faible, ou terrifiante si elle est forte, qui se fond dans la vie quotidienne, qui s’y intègre si profondément qu’on ne peut plus la reconnaître ni l’isoler, ni, en conséquence la combattre.
Nous n’avons pas fait beaucoup de progrès depuis le lointain et ambigu conseil: " si on te frappe sur la joue droite, tend la joue gauche ". il semble paradoxal de déclencher l’offensive de la tolérance dans notre temps, plus exigent, plus tyrannique que jamais, avec des hommes qui se croient irrémédiablement écrasés par leur propre nombre ainsi que par le progrès. Cette croyance est une victoire de l’intolérance qui les ravale au rang d’objet.
Cette planche est un voyage sur le théâtre des opérations.
Le drame est que l’intolérance, comme " la dame de Shanghai " d’Orson Wells, apparaît dans de nombreux miroirs. On ne sait où viser pour l’atteindre. Dès qu’elle disparaît dans une glace brisée, une autre s’impose aux regards. Nous sommes donc menacés, sans savoir si c’est par des reflets ou par la réalité.
L’intolérance est partout et présente mille visages et mille dimensions. Infime, on n’ose pas la suspecter, de peur de passer pour un maniaque de la persécution. Immense, elle semble dominer le monde et paralyse toutes les énergies. Pourtant, dès qu’on l’affronte, ou la traverse, on peut alors se rendre compte qu’elle n’est qu’une ombre. 1) Incantations la précaution élémentaire est de ne tenir pour homme que ce qui est fait de chair et d’os et qui a la forme humaine. Bien sûr cela va de soi! Mais attention, l’apparence est trompeuse. Il y a de nombreuses figures humaines qui ne sont pas des hommes.
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