"La tolérance est la vertu du faible" - Sade
Il pleut.
Dans ma voiture, je repense à cette journée. Jusque là, elle n’a rien d’extraordinaire. Depuis ma promotion, il y a trois mois de cela, tout se passe plutôt bien au travail. Mes employés m’écoutent, rendent leurs rapports dans les temps et je pense même pouvoir dire qu’ils m’aiment bien. Quoiqu’il y ait tout de même une affaire qui me préoccupe.
Signofile. J’entre sur l’autoroute.
Les ressources humaines m’ont envoyé un nouvel apprenti et bien qu’il soit tout à fait gentil, j’ai quelques ennuis avec lui. Je retrouve souvent son travail bâclé, inachevé, … Je vois bien qu’il se donne de la peine ; il sourit tout le temps, offre un café à qui le lui demande et part toujours le dernier. Alors je lui fais seulement remarquer ses erreurs, espérant qu’il finira par s’améliorer.
Mais rien ne change, et ma patience tend à atteindre sa limite. Rester calme me demande de plus en plus de maîtrise de moi et de force morale que je ne sais plus ou aller chercher.
Distraitement, je regarde la route, méditant une solution.
Sur les flancs d’un pont, je vois vaguement une inscription en lettres rouges. « La tolérance est la vertu du faible -Sade » dit-elle.
Je ne la quitte pas des yeux, lisant et relisant ses mots.
Mon esprit peine à comprendre son sens. Sade veut-il donc dire par là que celui qui respecte les idées d’autrui (c’est bien là la définition même du mot « tolérance »), manque de force de caractère ?
L’idée m’intrigue. Quel rapport la tolérance peut-elle avoir avec la faiblesse ? Ne demande-t-elle pas au contraire une force personnelle, une emprise sur soi ?
Je remarque alors un côté extrêmement antithétique à cette phrase.
D’un côté, la tolérance est qualifiée de vertu : un terme positif, qui désigne une qualité. Et d’un autre, elle est associée à la faiblesse, que l’on entend plutôt négativement.
Cela amène directement à une autre question : Vaut-il mieux être tolérant et faible ou intolérant et fort