1) La rupture avec la tragédie classique :

Par rapport à une tradition classique qui avait imposé les 5 actes, Giraudoux divise sa pièce en 2 actes. Voilà déjà, par la forme, une rupture avec la tragédie classique.
Malgré quelques Giraudoux rompt délibérément avec la tradition, de la tragédie, sur des points importants et actualise le mythe par de nombreuses références à la vie quotidienne du XXème siècle. Par exemple par l'intervention du Président, de sa femme Agathe, on a l'impression que les problèmes que pose la pièce sont plutôt à prendre sous l'angle d'une dispute familiale, d'une mésalliance, voire d'une querelle entre une fille adolescente et sa mère. Pourtant, le lamento du jardinier a une fonction dramatique importante qui permet la transition entre les 2 actes. Le personnage, écarté de l’énigme et abandonné le soir de son mariage qui ne s’est pas fait, prend pour la dernière fois la parole entre la fiction et la réalité. Ce lamento qui est l’expression de la douleur se transforme cependant en message de confiance dans l’homme mais la fiction va continuer après sa sortie et le tragique viendra du fait qu’Electre refuse de transformer la Haine en Amour. Nous voyons bien que nous sommes malgré tout dans une tragédie. Il est intéressant de voir tous les anachronismes qui traversent la pièce. Ils couvrent tous les domaines : les lieux (l’échauguette et les pierres gauloises, le hangar du Jardinier), les objets de la vie courante (la lampe sans mazout, le cigare, les chaussures, le café, les légumes divers..), les métiers (second président du tribunal, le maçon..), le domaine économique (le prix des matières premières, du beurre, l’exportation des vaches) et social (la grève des ouvriers). De plus, certains thèmes abordés sont très contemporains, comme celui des revendications féministes. D’autres inventions de Giraudoux sont aussi à noter ; notamment l’invention de nouveaux personnages : le personnage du Mendiant (témoin, détective, accoucheur de