La transposition didactique
PRATIQUE ENSEIGNANTE ET SAVOIR ENSEIGNÉ : LE MÉCANISME ÉTRANGE DE LA TRANSPOSITION DIDACTIQUE (Jonathan Philippe et Grégoire Wallenborn)
Qu’est-ce que le savoir tel qu’il est enseigné ? C’est à partir de cette interrogation que nous avons mené une recherche dans certains établissements de l’enseignement supérieur en Belgique.1 En analysant les travaux portant sur les différents pôles du triangle didactique (l’enseignant, les étudiants, le savoir), nous avons constaté que de nombreuses recherches ont été consacrées aux attitudes et stratégies des étudiants ou aux méthodes pédagogiques des enseignants, mais plus rarement au savoir en lui-même. Il est manifeste que le savoir est façonné par et dans les situations d’enseignement, tout comme le savoir « pratiqué » par l’enseignant n’est pas le même que le savoir « pratiqué » par un étudiant. Comment le savoir est-il effectivement enseigné ? Pourquoi le savoir que l’on enseigne ici est-il comme cela, et pas autrement ? De quelle manière le fait de prendre en compte les pratiques implique-t-il une redéfinition de ce qu’est le savoir ? Mais aussi : où est le savoir ? Ou plutôt : où sont les savoirs ? Dans les livres ? Dans les têtes des savants ? Dans les amphis ? C’est pour explorer toutes ces questions, et d’autres, que nous avons été, dans un premier temps, « observer le savoir » dans des situations concrètes d’enseignement. Lors de cette première phase, nous n’avons pas voulu distinguer « savoir théorique » et « savoir pratique », non que cette distinction ne soit pas intéressante, mais nous voulions pouvoir la comprendre après avoir été confrontés à des savoirs et leurs pratiques. Quand on assiste à un cours de physique, c’est clairement de la