La trigritude de wole soyinka
Mar 22, 2010 Dans les années 30, un groupe d'étudiants africains et antillais basés en France, conduits par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor crée le concept « négritude ». Ils se révoltent contre la poésie française qu'ils considèrent comme surannée et publient une revue révolutionnaire « Légitime Défense », grand cri nègre, dans laquelle ils revendiquent leur identité, leurs droits à la dignité et à la culture négro-africaine. Puis dénoncent la ségrégation raciale. En opposition à l'hégémonie blanche, qui de tout temps considère les Noirs comme ne faisant pas partie de l'humanité. Quelques années plus tard, apparaît Wole Soyinka, écrivain nigérian, avec un autre concept, « la tigritude », apparemment opposé à la « négritude » de ses aînés. Ce nouveau concept qui soulève de vives joies chez les partisans de la suprématie blanche, se résume en ces termes : « le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il se jette sur sa proie et la dévore ». Erreur d'appréciation du néologisme chez ces chantres de la division qui étaient allés trop vite en besogne en croyant tirer profit du « désaccord » entre Noirs.
C'était compter sans la perspicacité de ces derniers à appréhender dans leurs contours les deux concepts, qui en clair sont complémentaires : « les deux concepts négritude et tigritude en fait sont complémentaires. En tant que francophones, nous avons eu besoin de clarifier nos idées en les conceptualisant. Les anglophones n'ont pas besoin de doctrine ils vivent davantage dans le concret que les francophones. Nous, à cause de la culture française, nous avons besoin de rationnel. Négritude, tigritude découlent en fait de la même pensée », précise Léopold Sedar Senghor. « Négritude, tigritude, c'est un jeu de mots. Soyinka l'impétueux a lancé un mot qui a fait mouche. Pour employer une image, je crois qu'avant que le nègre ne rugisse, il a fallu qu' il commence par dire qu'il pouvait rugir. Pas de tigritude sans