La tristesse de cornelius berg (reprise de texte d'un autre site)
"La Tristesse de Cornélius Berg" conclut les Nouvelles Orientales sur une note pessimiste. Marguerite Yourcenar y représente la vieillesse désabusée d'un peintre hollandais retiré à Haarlem.
Nous étudierons la variété de sensations évoquées par la mémoire du peintre et nous démontrerons comment cette mémoire se fonde sur un jeu complexe de chocs et d'associations. Enfin nous examinerons comment le rapport entre l'esthétique et la morale vient discrètement expliquer la tristesse de Cornélius Berg.
On y découvre des collisions poétiques où se confondent les sensations tactiles, visuelles et auditives, telles ces "couleurs éclatantes ou tendres"(sensation visuelle) dont on nous dit qu'elles crèent une palpitation (tactile) et des bruissements (auditive)). Encore ces rapprochements sont-ils avancés avec précaution : "eût-on dit" ; l'emploi du subjonctif souligne le caractère peut-être illusoire de cette hallucination sensorielle. la confusion des sens créée par le spectacle du jardin de tulipes, on trouve l'expression de "harem floral" pour caractériser ce dernier; la métaphore du jardin-harem ou des femmes-fleurs suggère une débauche de formes et de qualités présente tout au long du texte : le vif et le mort s'y côtoient et s'y confondent, ainsi que le moral et l'objectif ("les honteuses maladies") ou encore l'humain et l'inanimé. Ainsi, les "expressions d'avarice, de sottise ou de férocité notées sous tant de beaux ciels" trouvent un écho discret dans l'alignement des "pointes des cyprès [perçant] le ciel pâlement bleu"
Le regard de Cornélius guide progressivement le lecteur dans ce chaos. Les verbes employés y indiquent une progression intéressante. Du simple fait de "regarder", on passe à un reflet où s'absorbe la "contemplation". Plus loin, Cornélius "revoit" puis "admire avant de finalement ôter ses lunettes. Le "terne miroir plombé" du canal est ainsi le