La valeur d'un état est-elle son efficacité?
“C’est pas juste” s’écrie l’enfant qui estime qu’il a moins que ce qu'il lui est du. Aristote disait: “le juste est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité et l’injuste ce qui est contraire à la loi et ce qui manque à l’égalité”1. Pour Platon, la justice était a la garde de la part de chacun, sa place, sa fonction, pouvant ainsi préserver l’harmonie hiérarchisée de l’ensemble. Cela signifie-t-il qu’il faut donner à chacun la même chose qu’à l’autre pour faire régner la justice? En effet, ont-ils les mêmes besoins, les mêmes mérites, ont-ils les mêmes capacités, les mêmes charges? Problème insoluble qui se situe donc bien dans une perspective morale ou philosophique comme le montre Comte-Sponville.
Blaise Pascal disait que, “le moi est injuste, toujours”2. C’est pour cette raison qu’il faut se distancer du moi pour trouver une véritable justice. Introduisant le concept purement hypothétique de la position originelle, ou de l’état de nature, qui selon Comte-Sponville, permet de “court-circuiter l’égoïsme”3 du moi et l’altruisme, se faisant inexistant dans l’état de nature. De facto, les humains tentent toujours de maximiser leurs intérêts égoïstes. L’empathie est au coeur de l’altruisme. La justice n’est ni l’un, ni l’autre; mais l’équilibre de ces deux pôles. Selon le dicton d’Aristote :“à chacun sa part, ni trop ni trop peu, et à moi-même comme si j’étais n’importe qui”2. L’égalité entre les personnes, autre concept fictif, est un principe fondamental. Ce concept d’égaux sans égo, permet de mettre de côté les différences et l’intérêt particulier, ainsi garantissant l’égalité entre chaque individu aux yeux de la loi. Toutefois, l’égalité n’est pas synonyme de justice: Comte-Sponville illustre cette réalité en se référant au jugement de Salomon; faut-il couper l’enfant également en deux