La misère, j’en garderai longtemps la trace et l’odeur

Philippe Lubrano Lavadera est travailleur social. Dans un texte confié à nos amis de Raconter la vie, il relate son expérience d’animateur d’un foyer de SDF à Lyon. Il le fait à hauteur d’homme. Dépouillé des discours angéliques de ceux pour qui la grande pauvreté est, comme il dit, un concept, une idée. Ce qui en fait un texte rare. Mathieu Deslandes

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Témoignage d’Eléonore : la vie en foyer étudiant à Paris

Témoignage d'Eléonore : la vie en foyer étudiant à Paris

« Je ne suis pas originaire de la région parisienne, j’y suis venue pour mes études. J’ai choisi de m’installer dans un foyer étudiant parce que je savais que je n’y serai jamais seule, pour connaitre des gens à Paris. Le foyer est exclusivement féminin, avec des Françaises mais aussi des étrangères. Je pensais avant de m’y installer, que chaque étudiante serait le plus souvent dans sa chambre. Mais comme la cuisine est commune, on est obligées de communiquer et de partager, ce qui a naturellement permis de créer des amitiés. C’est le vrai avantage de vivre en communauté, plutôt que d’avoir son propre studio, ou l’on est vraiment seul. Et ça ne remet pas en cause notre autonomie, parce que c’est à nous de faire les courses, la cuisine, la vaisselle…
On peut compter sur un vrai suivi, de la part de la direction du foyer. Par exemple si on a des soucis qui concernent des formalités administratives, ou même des problèmes personnels, la directrice est toujours là pour nous écouter et nous conseiller.

Ce suivi a aussi quelques inconvénients, puisqu’on doit prévenir la direction quand on rentre tard le soir, en échange de quoi on nous donne une carte magnétique pour pouvoir rentrer dans l’immeuble. Cela restreint un peu nos libertés. Mais cela se comprend. La