la vie de galilée
L'action dramatique de la pièce de Brecht s'inscrit dans le contexte de la mutation profonde, qui aux XVIe et XVIIe siècle va bouleverser la culture européenne. Cette crise est la naissance de la modernité, dont les retentissements sont si étendus et si profonds que l'on peut dire que, sur le plan des connaissances comme sur celui de la croyance, sur la conception des rapports de l'homme et de l'univers ou sur la manière dont les hommes se pensent, la culture qui émergera de cette crise ne ressemblera plus en rien la culture médiévale dont elle était pourtant issue.
Relevons tout d'abord que Galilée (1564-1642) n'est qu'un acteur parmi d'autres de ce vaste mouvement. Il faut aussi relever les noms de l'initiateur de cette révolution, Copernic (1473-1543), de son martyre G. Bruno (1548-1600), de ses précurseurs : Nicolas de Cues (1401-1464), Tycho Brahe (1546-1601), de ses autres acteurs Kepler (1571-1630), Descartes (1596-1650), Pascal (1623-1662), de celui qui le prolonge Newton (1642-1727).
Ce qui est remarquable c'est la véritable "accélération historique" qui va affecter l'Europe sur moins de 150 ans, entre la publication du traité de Nicolas Copernic De revolutionibus Orbium Coelestium (1543) et la publication des Philosophiae Naturalis Principia Mathematica de Newton (1687)
Or, aucun autre drame du théâtre occidental n'avait emprunté à l'histoire ce contexte. La pièce de Brecht rejoint donc dans ses intentions le théâtre antique : représenter ou plus encore célébrer le mythe fondateur de sa société. Le drame antique permettait aux athéniens de revivre la geste tragique par laquelle le Cosmos était né du Chaos, et la Cité du désordre. On pourrait également considérer que la pièce de Brecht expose au spectateur d'un XXe siècle qui vient de découvrir la fragilité de ses valeurs1, une représentation de ses origines, et de l'accouchement difficile de la modernité.
Le théâtre