La vie des compositeurs au 19ème siècle
Le mois dernier nous avons vu que les compositeurs doivent produire vite et bien, tout en s’adaptant aux goûts des différents théâtres pour lesquels ils écrivent et que, malheureusement, tout ce travail pouvait être réduit à néant, du jour au lendemain, par le bon vouloir d’un censeur du gouvernement. Rappelons qu’à cette époque l’Italie est pratiquement toute entière sous le contrôle de puissances étrangères qui craignent des soulèvements ou des révoltes (les Autrichiens au nord et les Bourbons à Naples), rendant la situation politique tendue. Ce mois-ci nous allons voir qu’écrire un opéra au 19e siècle, revient aussi, bien souvent, à se plier aux exigences, parfois tyranniques des grands noms du chant lyrique.
DES ROLES TAILLES SUR MESURE POUR LES CHANTEURS
En fait, bien souvent les compositeurs écrivent des rôles taillés sur mesure pour certains chanteurs, en fonction de leur tempérament. Par exemple, le personnage de Gemma dans Gemma di Vergy de Donizetti, qui est celui d’une femme complexe dévorée de jalousie, était destiné à la volcanique soprano Giuseppina Ronzi de Begnis (ci-contre). Les chanteurs de l’époque sont de vraies stars qui exigent des airs qui les mettent en valeur, ce que Donizetti, entre autre, a la réputation d’avoir très bien su faire. Il a écrit pour les plus grands interprètes de l’époque, parmi lesquels on peut citer des
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célébrités telles que Maria MALIBRAN (ci-contre) ou Giuseppina STREPPONI, la future femme de Verdi. Le ténor Adolphe NOURRIT le confirme : « Donizetti avait le " talent de bien mettre en relief les qualités de ses chanteurs et de cacher leurs défauts ".
CAPRICES DE DIVAS
Il va sans dire qu’il existait de grandes rivalités entre toutes ces vedettes à fortes personnalités, d’autant qu’il faut savoir qu’à l’époque le monde des chanteurs d’opéra est très hiérarchisé. Ils ont des rôles très définis : il y a la prima donna et le primo tenore et … les seconds