La visite chez l'antiquaire, Balzac-La Peau de Chagrin
Introduction :
Doit-on vendre son âme au diable pour être heureux ? Chacun poursuit une certaine quête du bonheur et on peut légitimement se poser la question de savoir jusqu’où on peut aller pour satisfaire ce désir.
Balzac, dans son roman intitulé La Peau de chagrin paru en 1831, invite le lecteur à y réfléchir à travers le personnage de Raphaël de Valentin. Celui-ci est un jeune homme qui a perdu tout son argent et qui, ne voyant pas d’issue favorable, envisage de se suicider. Dans le passage que nous nous proposons d’étudier, il attend la nuit pour réaliser son projet et entre dans la boutique d’un vieil antiquaire. Cette rencontre pour le moins étonnante plonge le lecteur dans un univers tout à fait étonnant, qui rompt avec le début du récit et suggère une entrée en enfer.
Nous pouvons alors nous demander de quelle manière cette scène crée une atmosphère annonciatrice de la suite.
Dans un premier temps, nous étudierons en quoi celle-ci est fantastique ; dans un second temps nous nous intéresserons au portrait d’un antiquaire troublant.
Texte : (pages 79 à 81 chez GF Flammarion)
Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et tressaillit comme lorsqu’au milieu d’un brûlant cauchemar nous sommes précipités d’un seul bond dans les profondeurs d’un abîme. Il ferma les yeux ; les rayons d’une vive lumière l’éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout et dirigeait sur lui la clarté d’une lampe. Il ne l’avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. L’homme le plus intrépide, surpris ainsi dans son sommeil, aurait sans doute tremblé devant ce personnage extraordinaire qui semblait être sorti d’un sarcophage voisin. La singulière jeunesse qui animait les yeux immobiles de cette espèce de fantôme empêchait l’inconnu de croire à des effets surnaturels ; néanmoins,