La vénus de milo
LES SECRETS
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La Vénus de Milo vient d’être restaurée. La question de ses bras revient immanquablement : les a-t-on retrouvés ? comment étaient-ils ? pourquoi ne pas les avoir restaurés ? Cette obsession remonte à sa découverte en 1820, en deux fragments principaux, et son arrivée au Louvre un an plus tard. La campagne de restauration permet de lever enfin le voile sur l’histoire et les secrets du joyau d’art grec du musée.
Invention d’un chef-d’œuvre Quand la Vénus de Milo arrive au Louvre, en 1821, Lange, responsable de l’atelier de sculpture et de marbre du musée, propose une restauration intégrative, c’est-à-dire complétant entièrement l’œuvre – la grande tradition de la restauration, depuis le XVIIe siècle, étant de ne jamais laisser les fragments tels quels, la seule exception étant le Torse du Belvédère auquel, dit la légende, Michel-Ange lui-même aurait refusé de toucher. Il souhaite compléter le nez, le pied manquant (gauche), mais aussi les bras. Une véritable polémique s’engage alors entre le conservateur des Antiques, Clarac, le restaurateur-sculpteur, Lange, et le directeur du Louvre, le comte de Forbin, pour savoir si on irait
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Ci-contre Salomon Reinach Amalthée / Mélanges d’Archéologie et d’Histoire. t. I, 1930. Page de droite Vénus de Milo Mélos, Grèce, fin du IIe siècle av. J.-C., marbre de Paros, 2,11 x 0,44 m. Aile Sully, rez-de-chaussée, salle de la Vénus de Milo. La Vénus de Milo après sa restauration de 2009-2010.
jusqu’à ajouter des bras, sachant que l’on ignorait la position qu’ils pouvaient avoir. Cette question sous-tend toute l’interprétation de la sculpture : que fait-elle ? que tient-elle ? est-ce Aphrodite ou Amphitrite ? fait-elle partie d’un groupe de sculpture ? se regarde-t-elle dans un miroir (ou un bouclier) ? tient-elle une couronne ? est-elle appuyée sur un pilier ?