La vérité scientifique
« L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique (…) Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit » Bachelard, La formation de l’esprit scientifique.
Cette évocation de la pensée de Kant nous conduit naturellement à traiter de la vérité dans la connaissance scientifique. Intéressons-nous tout d’abord aux mathématiques. Celles-ci se réfèrent à des objets idéaux. Ainsi, la vérité d’un théorème de la géométrie ne se mesure jamais à des figures réelles. Lorsqu’on affirme que la somme des angles d’un triangle est égale à 180°, on ne prétend pas qu’il soit nécessaire qu’une figure tracée sur un tableau doive avoir la somme de ses angles exactement égale à 180° pour qu’on puisse la désigner comme étant un triangle.
Une proposition mathématique se révèle vraie lorsqu’elle est le résultat d’une déduction faite à partir d’un système d’axiomes et de propositions déjà démontrées. On peut penser que la thèse de la vérité comme adéquation à la réalité correspond mieux aux sciences expérimentales. En effet, pour qu’une proposition de la physique par exemple puisse être dite vraie, il faut qu’elle soit vérifiée expérimentalement (ou du moins qu’elle résiste à l’épreuve de la falsification).
Les sciences expérimentales sont par conséquent dépendantes des faits, de la réalité. Cependant, il faut bien remarquer que pour qu’il y ait une hypothèse à vérifier, il faut nécessairement que cette hypothèse soit une anticipation de la réalité, une interprétation préalable. La somme des expériences passées ne saurait constituer d’elle-même une hypothèse (bien qu’elle puisse en certain cas la susciter)