Quel enfant n’a jamais entendu cette petite phrase « Si tu dis la vérité tu ne seras pas puni, mais attention si tu mens… », qui fait écho au proverbe « Aime vérité, fuy mensonge ». Ainsi l’opinion commune a-t-elle l’habitude d’opposer vérité et mensonge, et le dictionnaire Petit Robert définit le mensonge comme « un propos contraire à la vérité ». Pourtant cette même opinion commune peut affirmer que « Toute vérité n’est pas bonne à dire ». Si le mensonge est moralement condamnable, mais que la vérité peut également être parfois nuisible, on est amené à se demander s’il n’existe pas des liens étroits entre mensonge et vérité qui pourraient nous aider à mieux réfléchir au sens et à la valeur de la vérité? D’autant que si nous nous référons au sens grec de la vérité aleitheia, nous savons que littéralement il signifie oubli. Ainsi dire la vérité comme nous venons de l’exprimer c’est dévoiler quelque chose, c’est lutter contre une certaine puissance en nous qui nous ferait oublier, ne pas la dire serait laisser cette puissance nous mener à l’oubli. C’est ainsi que nous réfléchirons à la relativité du mensonge par rapport à la vérité avant de nous interroger sur le statut de mensonge comme exception à la vérité pour enfin aborder le mensonge nécessaire, l’hypocrisie.
Le mensonge consiste à dire le faux, la vérité à être sincère. La frontière entre ces deux notions est très floue, mais contrairement aux apparences elle les unit plus qu’elle ne les sépare.
En effet, le mensonge est dépendant de la vérité, il n’a aucune autonomie. Par exemple, il nous serait impossible de vivre dans un monde sans vérité où seul le mensonge subsisterait, le mensonge perdrait tout son sens, il s’autodétruirait. Le mensonge n’existe pas en lui-même, il est forcément relatif à la vérité, (si la vérité prend le sens de réalité), ce que Spinoza dit très clairement, ou même Heidegger puisqu’un faux bijou est en réalité une vraie breloque en cuivre ! Dans ce cas l’objet n’est pas