La charogne, baudelaire
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique1,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique2
Son ventre plein d'exhalaisons3.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe …afficher plus de contenu…
1. attiré par la débauche sexuelle. / 2. impudent, immoral. / 3. odeurs, émanations. / 4. en état de décomposition, de pourriture. / 5. panier plat à l’aide duquel l’agriculteur trie le grain. / 6 : esquisse.Comment Baudelaire parvient-il à montrer la beauté cachée au cœur même de la mort ?
Première strophe :
Le poème s’ouvre sur une adresse directe, à l’impératif, du poète à la femme aimée désignée par « vous » et
« mon âme ».
Le vers 2 place un décor agréable, à l’aide de deux adjectifs : « beau » et « doux » ainsi que de l’adverbe d’intensité « si ».
= La douceur des deux premiers vers s’oppose ici à la révélation de l’horreur découverte et décrite …afficher plus de contenu…
L’oxymore « carcasse sublime » témoigne de cette transformation divine. À noter que « sublime », au sens premier, signifie ce qui est le plus haut, au premier rang (étymologie : sublimis = ce qui s’élève).
Le jeu d’antithèse se poursuit à travers l’opposition entre les deux distiques qui constituent le quatrain : à la beauté marquée par la comparaison du vers 14, s’oppose la puanteur atroce de la charogne mise en avant par l’hyperbole des vers 15-16. On retrouve une rime antithétique entre « épanouir » et « évanouir » (v.14 et v.16).
Cinquième strophe :
La cinquième strophe se démarque des précédentes par la vision horrible qu’elle introduit bien plus