La cloche fêlée de charles baudelaire
"Bienheureuse" est synonyme de "sainte", mais aussi l'antonyme de "malheureux" et de "maudit" (damné). Le poète maudit, fatigué et malade envie la cloche multiséculaire, mais toujours alerte et bien portante.Les cloches rythment la vie quotidienne tant profane que sacrée : matines, angélus, messe, vêpres, mariage, baptême, enterrement… Comme le dit le poète, "elles jettent fidèlement leur cri religieux".Le dernier vers "Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente" a été diversement interprété et parfois critiqué. On peut le comprendre de la manière suivante : le battant de la cloche est comparé à un soldat qui veille sous la tente. Le motif de la tente étant suggéré par la forme de la …afficher plus de contenu…
Le poète compare "l’âme vigoureuse, alerte, bien portante et fidèle" de la cloche à son âme à lui qu’il qualifie de "fêlée".Au gosier vigoureux de la cloche s’oppose le manque d’inspiration, l’impuissance poétique, l’impossibilité d’écrire, à la vieillesse "alerte et bien portante" de la cloche s’oppose la fatigue et la maladie du poète, à la fidélité religieuse de la cloche s’oppose la conscience du péché.Le mot "ennui" (lorsqu’en ses ennuis) renvoie aux multiples difficultés que connut Baudelaire : conflits familiaux, difficultés financières, démêlés judiciaires avec la publication des Fleurs du Mal, mais aussi la maladie "métaphysique" dont il souffrit toute sa vie et qui ne s’explique par aucune cause objective : le sentiment insupportable d’une durée qui ne passe pas, la sensation de solitude, de noir, de froid, l’insensibilité à la nature…Voulant "peupler l’air froids des nuits", le poète s’essaye à