Labanane
LA BANANE EN CRISE Le futur de la banane française se joue en ce moment, avec la réforme du marché européen. Avec lui se joue aussi l’avenir de la Martinique et de la Guadeloupe, pour qui la banane demeur un poumon économique et territorial vital.
Les Antilles françaises se font du mauvais sang. Car pour la banane, l’échéance approche : au 1er janvier prochain, la réforme de l’organisation commune du marché (OCM) européen de la banane va devenir réalité. Or avec cette réforme, l’Union européenne entérine l’affaiblissement progressif de la production européenne de bananes. Déjà, après 13 ans de ce régime, la banane antillaise est exsangue. Les petits et moyens producteurs ne survivent qu’à grand peine à côté d’une poignée de géants - « géants » qui eux-mêmes ne pèsent pas grand-chose auprès des trois multinationales américaines (Chiquita, Del Monte et Dole), qui inondent le marché mondial de leurs « bananes-dollar » produites en Amérique centrale.
On ne sait pas toujours très bien que l’UE est un producteur non négligeable de bananes : quelque 750 000 tonnes, sur les 4 millions de tonnes qu’engloutissent les Européens chaque année, sont produites par la France (Guadeloupe et surtout Martinique), l’Espagne (Canaries) et le Portugal (Madère et Açores). Aux Antilles françaises, dont la plus grande part de l’activité est accrochée à la filière agroalimentaire, la banane constitue le véritable moteur économique. « Elle occupe un tiers de la surface agricole », explique Georges Venkatapen, le secrétaire général du CODEMA-MODEF (Comité de défense des métiers agricoles, affilié au MODEF), « et représente 62 % de la valeur de la production agricole ». Mais surtout, la banane constitue un indispensable poumon économique pour un territoire comme la Martinique, dont l’approvisionnement dépend étroitement des importations. Y compris sur le plan agroalimentaire, puisque la production locale couvre tout juste un cinquième de la consommation. Or sans la banane,